Cours du VWPP – Automne 2017

Cours d’écriture intensive / writing intensive courses (2)

  1. WI1 — Le spectacle de Paris au cinéma
  2. WI2 — Le Diable dans la littérature et les arts français

Séminaires / seminars (3)

  1. S1 — Mémoire des guerres dans Paris et dans des textes littéraires. Focus non exclusif sur l’année 1917
  2. S2 — Le scandale dans l’art : provocations, controverses et art visuels
  3. S3 — Le spectacle du monde sur les scènes du théâtre parisien

Mis à jour le 12 juin 2017


Écriture Intensive – « Writing Intensive »

WI1 — Le spectacle de Paris au cinéma
Jonathan Degenève

Mardi 10h-12h

Paris est un spectacle qu’offre le cinéma depuis sa naissance jusqu’à aujourd’hui. Les frères Lumière inventent le cinématographe à Lyon, mais c’est sur les Grands Boulevards parisiens qu’ils font les premières projections. Par ailleurs, leurs documentaires de la ville sont bel et bien mis en scène. Avec le passage du muet au parlant, et notamment dans Sous les toits de Paris qui incarne cette transition, la représentation urbaine se fait à travers des images qui deviennent progressivement des clichés dont certains se retrouvent jusque dans La La land. Il est vrai que le film Les Enfants du Paradis montre déjà l’envers d’une capitale qui se transforme ainsi en décor, en théâtre de la passion, mais c’est la Nouvelle vague qui renouvelle et même révolutionne cette vision. Il y a l’amour, mais il y a aussi l’exclusion (Les 400 coups), la mort (À bout de souffle), la déchéance (Le signe du Lion) et la maladie (Cléo de 5 à 7). Paris se dote alors de dimensions multiples et variées, même lorsque les films sont nostalgiques (Dans Paris) ou futuristes (Peut-être). Reste que pour les jeunes de banlieue, aller à Paris c’est toujours aller au spectacle. En témoigne le cinéma de ces dernières années (La Haine, Bande de filles, Divines) qui invite du coup à une réflexion à la fois économique et anthropologique ) l’endroit de celles et ceux qui sont comme des étrangers dans leur propre pays alors que leur culture, qui s’invente dans les cités, est ce que Paris ne cesse de suivre et de reprendre.

 

WI2 — Le Diable dans la littérature et les arts français
Patrick Graille

Lundi 17h-19h

Depuis plus de 2000 avant Jésus Christ, le Diable, désigné comme le « grand adversaire », le « calomniateur », le « séparateur », le « tentateur », le « destructeur », ou « celui qui n’aime pas », fascine. Alors qu’il n’existe pas de Diable grec et que la tradition juive fait rarement allusion à la toute-puissance maligne, sa figure est omniprésente dans le Nouveau Testament. Elle fonde les modèles du bien et du mal chrétiens, puis de bienfaisance et de malfaisance laïques, les normes qui régissent la culture occidentale et, particulièrement, la culture française.

Complice de cette entité sulfureuse, une légion d’étranges créatures – anges déchus, sorcières et sorciers, possédés, fantômes, zombis, esprits, vampires ou loups garous – s’impose en symboles de la condition humaine et des époques qui semblent leur donner vie et mort. En effet, le Diable étant toujours fils de son temps, avec l’évolution des croyances, les figures et les représentations de la peur, de l’effroi, de l’horreur, du pacte, de la damnation, de la possession, de la corruption… s’actualisent et se métamorphosent. Mais les obsessions autour du « bouc cornu et velu » de jadis n’en demeurent pas moins profondément ancrées dans les psychés collectives. Et, à ce titre, toujours renaissantes, prêtes à adopter de nouvelles formes, tantôt terrifiantes et angoissantes, tantôt divertissantes et séduisantes ; en tous les cas, troublantes. « L’art moderne, notait Baudelaire, a une tendance essentiellement démoniaque », comme si l’ange porteur de lumière nommé Lucifer se divertissait à engraisser « le genre humain dans ses basses-cours pour se préparer une nourriture plus succulente » (L’Art romantique).

Mais finalement qui est le Diable ? Pourquoi est-il ? Comment se manifeste-t-il ? Quelles valeurs sociales de repoussoir, de faire-valoir et d’exutoire traduit-il ? Quels types de savoirs et de fantasmes incarne-t-il ? Que l’on adhère ou non à une croyance religieuse ou spirituelle le mettant en scène, pourquoi perturbe-t-il ? À trop signifier, ne perd-il pas toute signification définie ? Du siècle des Lumières à nos jours, le cours débattra de ces questions en esquissant un panorama de cette figure majeure et énigmatique. Il explorera des documents variés : extraits romanesques et philosophiques, contes, nouvelles, poésies, pièces de théâtre, procès de sorcellerie, peintures, gravures, films, séries…

Visites

Conjointement aux séances, deux visites commentées, réparties sur une journée, seront organisées au Musée du Louvre et au Musée d’Orsay.


Séminaires

S1 — Mémoire des guerres dans Paris et dans des textes littéraires. Focus non exclusif sur l’année 1917
Martin Mégevand

Jeudi 15h-17h

L’objet du séminaire est de proposer aux étudiants une approche critique de la notion de mémoire [collective, culturelle, commune etc.] à partir de la confrontation à des lieux et à des textes.

Le fil que nous suivrons sera cette année celui de la mémoire des conflits modernes. De la Commune de Paris aux guerres d’Indochine et d’Algérie en passant par les deux guerres mondiales, on ira à la recherche des lieux communs où cette mémoire s’expose – les cimetières en sont, celui du Père Lachaise mais aussi celui de Picpus, où la fameuse formule « La Fayette nous voilà ! » a été prononcée par Charles Stanton en 1917  -, divers lieux de mémoire de la période où Paris était occupé par les nazis et des plaques commémoratives faisant mémoire d’événements qui se sont déroulés durant ces  guerres. Quatre visites au moins sur des lieux parisiens de mémoire des guerres seront organisées, où l’on s’attachera à observer que les violences de différentes périodes de l’Histoire se font écho les unes les autres, et tissent ainsi un réseau de significations.

Parallèlement, nous examinerons en classe des textes relevant exclusivement de la littérature née durant l’année 1917 qui a été exceptionnellement riche en œuvres nouvelles. On examinera ainsi des textes de témoignage (Vie des martyrs de Duhamel) de fiction (Clavel soldat de Werth), de théâtre (Parade, Les Mamelles de Tirésias), de poésie (« La jeune Parque », cher d’œuvre de Paul Valéry, a été composé cette année-là, ainsi que Le cornet à dés de Max Jacob). Cet examen a pour objet de réfléchir ensemble aux rapports, plus ou moins étroits, plus ou moins tendus, entre la littérature et l’histoire.

Pour la validation de ce cours, deux types d’exercices sont demandés aux étudiants : trois comptes rendus de visite et, à la fin du semestre, un dossier qui prendra la forme d’une réflexion sur la notion de mémoire à partir d’œuvres littéraires ou cinématographiques portant sur Paris.

Ce séminaire ne nécessite pas de connaissances préalables en littérature. Une attention particulière sera portée à la qualité formelle des travaux écrits (construction, argumentation)

 

S2 — Le scandale dans l’art : provocations, controverses et art visuels
Néna Kraguly

Mercredi 10h-12h

L’histoire de l’art est ponctuée de scandales qui souvent signalaient des inventions techniques ou annonçaient des ruptures conceptuelles, la  transgression des conventions de représentation, ou encore des transgressions majeures des valeurs esthétiques et morales de la société. L’art moderne et postmoderne, plus que jamais, entretient une relation étroite avec les notions de scandale et de censure.
Ce cours  se propose de discuter certaines œuvres  d’artistes qui ont, à certains moments et pour différentes raisons, choquées, indignées, scandalisées le public et causées des tempêtes de contestations.

Nous allons examiner des cas particulièrement significatifs afin de pouvoir spécifier à la fois les conditions du scandale – types de transgressions, de valeurs transgressées et de contextes historiques – et ses effets.  Par exemple, l’enfreinte aux normes morales, la contestation des règles d’art généralement acceptées ou la critique de l’ordre social et politique établi.

Nous allons également aborder les questions que ces pratiques soulèvent: la créativité, ses objectifs, sa signification.

Le cours évoquera aussi l’incompréhension qui pourrait exister entre artiste et mass medias, ainsi que le rapport problématique existant entre art et société.

Confrontés avec l’impossibilité de présenter un panorama complet, nous allons nous contenter d’esquisser l’histoire de l’art secouée de scandales d’une manière explicite pour qu’elle soit en rapport réel à la compréhension de l’art d’aujourd’hui.

Nous examinerons le travail de nombreux artistes, comme  Marcel Duchamp , Rachel Whiteread, Richard Serra, Daniel Buren,  Allen Jones, Orlan, Otto Mühl, David Nebreda, Andres Serrano, Robert Mapplethorpe, Valie EXPORT, Günter Bruss, Oleg Kulik, , Hans Haacke, Ai Weiwei, et Oliviero Toscani.

En parallèle des cours théoriques en classe, il est envisagé de visiter les musées et galeries suivants : le Centre Georges Pompidou, le Palais de Tokyo, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et les galeries du Marais.

 

S3 — Le monde en spectacle sur les scènes du théâtre parisien
Bruno Clément

Mercredi 16h-18h et soirées théâtrales

Ce cours se propose d’offrir aux étudiants, à partir d’un programme de représentation précis, des ouvertures à la fois sur la scène parisienne, sur l’histoire et la tradition du théâtre occidental, sur les créations les plus contemporaines, ainsi que sur les théories du jeu, de la mise en scène, du rôle et du statut du théâtre dans la cité.

Le cours est différent chaque semestre, puisqu’il dépend de la programmation des salles à chaque saison théâtrale.

Le programme du cours Le monde en spectacle sur les scènes du théâtre parisien est élaboré pour permettre un vaste balayage chronologique du théâtre depuis l’Antiquité grecque (il donne presque toujours lieu à un cours sur Platon et Aristote, un cours sur la naissance de la tragédie) aux 19e, 20e et 21e siècles sans compter l’expérience très stimulante de spectacles en langue des signes (à l’International Visual Theater) quand la programmation le permet.

Les cours consistent à préparer les spectacles auxquels le groupe d’étudiants doit assister avec le professeur, puis à commenter, analyser, éventuellement critiquer les spectacles en question.

L’objectif général du cours est à la fois de donner aux étudiants une bonne connaissance des textes et de la tradition du théâtre et de leur faire découvrir la  multiplicité (dans le temps et dans l’espace) des manières de jouer et de mettre en scène.

C’est aussi qu’il n’y a pas une et une seule théorie de théâtre, mais une infinité, dont la diversité des expériences du semestre devrait permettre de donner une idée.

C’est encore, pour le professeur, l’occasion de faire prendre conscience aux étudiants que le théâtre est une pratique, sociale et culturelle, qui engage à la fois les individus, la communauté, quelle qu’elle soit, et la Cité dans son ensemble ; qu’il est, à sa façon souvent inattendue, l’apprentissage de la liberté.

C’est enfin de faire entrer les étudiants dans le monde de la vie culturelle parisienne.

À l’heure où ce descriptif est rédigé, nous ne connaissons pas encore précisément la programmation des théâtres parisiens pour la saison prochaine et le calendrier des spectacles pour le cours n’est pas encore arrêté. La seule chose à peu près sûre est que les étudiants du semestre d’automne auront la chance de voir le dernier spectacle d’Ariane Mnouchkine, qui est toujours un événement majeur de la vie théâtrale à Paris, au célèbre Théâtre du Soleil. Une chambre en Inde, spectacle grave et heureux, comique et dramatique, est une interrogation inquiète et optimiste sur les tragédies qui déchirent le monde actuel. Sans que le chose soit absolument certaine, il est probable que ce spectacle, qui eu un très grand succès ce semestre, sera repris à l’automne.