Les Cours du VWPP

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En plus des cours que vous suivrez dans une des universités de Paris, chaque semestre, vous devez suivre un cours d’écriture intensive ainsi qu’à un ou deux séminaires au sein du programme VWPP, dispensés à Reid Hall.

Comme la majorité des cours offerts à l’université parisienne, les cours d’écriture intensive et les séminaires organisés par le programme se réunissent à raison d’une fois par semaine pour deux heures, sans compter les sorties que les professeur·es auront prévues en dehors des heures du cours. 

Les cours de Reid Hall sont accompagnés par une heure de tutorat obligatoire chaque semaine. 

Le programme offre aussi un atelier d’écriture créative valant 0,5 crédit. C’est un atelier supplémentaire et facultatif ; ils ne remplacent pas de cours/séminaire du VWPP ou de l’université parisienne. 

Résumé des cours:

WI1: Enjeux d’une modernité – l’évolution créatrice en peinture au XIXe et XXe siècle

WI2: Le Diable dans la littérature et les arts français

WI3: Écrire, réécrire, déconstruire les mythes

S1: Paris Communautés : quartiers et migrations à Paris (XIXe-XXIe siècles)

S2: Le spectacle de Paris

S3: Paris et la mémoire du temps des colonies

S4: Pouvoirs de la parole

S5: Jardins en controverses

Atelier d’écriture créative (.5 crédit)


Cours d’écriture intensive: (Writing Intensive)

WI1:  Enjeux d’une modernité – l’évolution créatrice en peinture au XIXe et XXe siècle

Églantine Morvant

Ce cours propose d’observer la production picturale française depuis le début du XIXe siècle jusqu’aux années 1950. Suivant une approche de philosophie de l’art, il s’agit de cerner les enjeux matériels (matière, espace, volume, couleur…) et conceptuels (quels contraintes et défis l’artiste s’est donnés) que l’artiste a élaborés lors de la production de son art.

Le contenu du cours commencera au lendemain de la Révolution française de 1789 avec la peinture académique, couvrira le XIXe siècle et ses différents courants qui se sont éloignés d’une approche traditionnelle de la peinture comme le romantisme, le réalisme, l’impressionnisme, les différents courants de la peinture moderne de la première moitié du XXe siècle. Ce cours inclura plusieurs visites de musées (celle de la collection permanente de peinture moderne à Beaubourg, Van Gogh à Orsay jusqu’au 4 février et d’autres).

WI2: Le Diable dans la littérature et les arts français

Patrick Graille

Depuis plus de 2000 avant Jésus Christ, le Diable, désigné comme le « grand adversaire », le « calomniateur », le « séparateur », le « tentateur », le « destructeur », ou « celui qui n’aime pas », fascine. Alors qu’il n’existe pas de Diable grec et que la tradition juive fait rarement allusion à la toute-puissance maligne, sa figure est omniprésente dans le Nouveau Testament. Elle fonde les modèles du bien et du mal chrétiens, puis de bienfaisance et de malfaisance laïques, les normes qui régissent la culture occidentale et, particulièrement, la culture française.

Complice de cette entité sulfureuse, une légion d’étranges créatures – anges déchus, sorcières et sorciers, possédés, fantômes, zombis, esprits, vampires ou loups garous – s’impose en symboles de la condition humaine et des époques qui semblent leur donner vie et mort. En effet, le Diable étant toujours fils de son temps, avec l’évolution des croyances, les figures et les représentations de la peur, de l’effroi, de l’horreur, du pacte, de la damnation, de la possession, de la corruption… s’actualisent et se métamorphosent. Mais les obsessions autour du « bouc cornu et velu » de jadis n’en demeurent pas moins ancrées dans les psychés collectives. Et, à ce titre, toujours renaissantes, prêtes à adopter de nouvelles formes, tantôt terrifiantes et angoissantes, tantôt divertissantes et séduisantes ; en tous les cas, troublantes. « L’art moderne, notait Baudelaire, a une tendance essentiellement démoniaque », comme si l’ange porteur de lumière nommé Lucifer se divertissait à engraisser « le genre humain dans ses basses-cours pour se préparer une nourriture plus succulente » (L’Art romantique).

Finalement, qui est le Diable ? Pourquoi est-il ? Comment se manifeste-t-il ? Quelles valeurs sociales de repoussoir, de faire-valoir et d’exutoire traduit-il ? Quels types de savoirs et de fantasmes incarne-t-il ? Que l’on adhère ou non à une croyance religieuse ou spirituelle le mettant en scène, pourquoi perturbe-t-il ? À trop signifier, ne perd-il pas toute signification définie ? Du siècle des Lumières à nos jours, le cours débattra de ces questions en esquissant un panorama de cette figure majeure et énigmatique. Il explorera des documents variés : extraits romanesques et philosophiques, contes, nouvelles, poésies, pièces de théâtre, procès de sorcellerie, peintures, gravures, films, séries… 

WI3: Écrire, réécrire, déconstruire les mythes

Simona Crippa

« [I]l n’est aucun peuple dont l’histoire ne commence par des fables ou avec la mythologie » écrit Marcel Detienne. En effet, récits fondateurs, les mythes tentent de répondre aux questions que l’humanité s’est posée depuis ses origines : comment expliquer les phénomènes naturels ? Quel sens donner à un rite ou à un interdit ? Pourquoi le groupe ? Quel est l’ordre du monde ? Où situer le sacré ? Remarquable machine de création poétique, les mythes sont passés de la tradition orale à l’espace littéraire où, transformés et réactualisés, ils ont produit des significations et des discours ayant forgé nos imaginaires. Mais pouvons-nous encore accepter ces fables ancestrales qui reproduisent un monde à travers lequel nous hésitons à nous reconnaître ? Violence, misogynie, culture du viol sont légion et si le phénomène de la catharsis assure la métamorphose des passions en capacités virtuoses, il ne remet pas en question les stéréotypes patriarcaux de tout genre.

Le cours se propose d’analyser ce que raconte, explique, révèle, colporte la mythologie à travers des écritures anciennes que nous comparerons aux réécritures modernes et contemporaines. Nos lectures et interprétations s’attacheront dès lors à la déconstruction des vieux archétypes contribuant possiblement à réinventer nos récits collectifs en créant de nouvelles représentations socioculturelles et de nouveaux imaginaires.

Le corpus comprend des écritures et réécritures littéraires à la fois de figures mythiques et de mythes des origines. Il se focalisera en particulier sur les mythes de Méduse, Médée et Œdipe, à savoir trois visages du monde archaïque qui continuent d’intéresser, à juste titre, les auteurs.trices contemporain.e.s.

Cinéma, bande dessinée, roman graphique, chanson – expressions saillantes de notre imaginaire – constitueront également un matériau de réflexion et d’analyse partagé en classe.

Dans leurs devoirs de « writing intensive », les étudiant.e.s pourront proposer soit une réécriture d’un mythe de leur choix soit une analyse critique d’un texte proposé par l’enseignante.

Séminaires:

S1: Paris Communautés : quartiers et migrations à Paris (XIXe-XXIe siècles)

Christelle Taraud

Ce cours est une introduction à l’histoire des communautés à Paris. A travers cette question, il s’agit bien sûr d’interroger l’histoire de Paris, l’histoire de la France, l’histoire de l’Europe et l’histoire coloniale et post-coloniale – qui explique en partie la présence de nombreux migrants (et de leurs enfants devenus entre temps citoyens français) provenant du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et d’Asie – mais aussi de relier le présent au passé et de mettre en perspective les débats très contemporains auxquels la société française est confrontée : immigration clandestine, question de la laïcité, affaire du foulard islamique… Le cours se propose donc autant d’aborder la question de l’implantation de ces communautés immigrées européennes, africaines et asiatiques (Belges, Italiens, Espagnols, Polonais, Portugais, Algériens, Sénégalais, Maliens, Cambodgiens, Laotiens, Vietnamiens, Chinois…) ou migrantes (les Français de souche nord-africaine avant 1962 par exemple) dans un espace singulier en les liant avec cette longue histoire de l’immigration dans la capitale et à leur rôle essentiel dans la création de la « ville-monde » qu’est Paris, tout autant que d’aborder les questions polémiques qui ont abouti à l’idée qu’un certain type de communautarisme « ethnique » ou/et « confessionnel » (que le cours tentera de définir) était en train de s’installer en France.

S2: Le spectacle de Paris

Jonathan Degenève

Paris est un spectacle qu’offre le cinéma depuis sa naissance jusqu’à aujourd’hui. Les frères Lumière inventent le cinématographe à Lyon, mais c’est sur les Grands Boulevards parisiens qu’ils font les premières projections. Par ailleurs, leurs documentaires de la ville sont bel et bien mis en scène. Avec le passage du muet au parlant, et notamment dans Sous les toits de Paris qui incarne cette transition, la représentation urbaine se fait à travers des images qui deviennent progressivement des clichés dont certains se retrouvent jusque dans La La Land. Il est vrai que le film Les Enfants du Paradis montre déjà l’envers d’une capitale qui se transforme ainsi en décor, en théâtre de la passion, mais c’est la Nouvelle Vague qui renouvelle et même révolutionne cette vision. Il y a l’amour, mais il y a aussi l’exclusion (Les 400 coups), la mort (À bout de souffle), la déchéance (Le Signe du Lion) et la maladie (Cléo de 5 à 7). Paris se dote alors de dimensions multiples et variées, même lorsque les films sont nostalgiques (Dans Paris) ou futuristes (Peut-être). Reste que pour les jeunes de banlieue, aller à Paris c’est toujours aller au spectacle. En témoigne le cinéma de ces dernières années (La Haine, Bande de filles, Divines) qui invite du coup à une réflexion à la fois économique et anthropologique à l’endroit de celles et ceux qui sont comme des étrangers dans leur propre pays alors que leur culture, qui s’invente dans les cités, est ce que Paris ne cesse de suivre et de reprendre.

S3: Paris et la mémoire du temps des colonies

Martin Mégevand

La France a connu trois grandes périodes coloniales : le « premier empire colonial » (1534 – 1763) qui couvre l’âge classique, l’Empire napoléonien (1804 – 1814) et le « second empire colonial » qui traverse les principaux régimes de la modernité, de la Restauration à la Ve République (1830 – 1962). Paris, capitale de la France, possède moins de traces faisant mémoire du passé colonial et notamment esclavagiste que les villes de Nantes, Bordeaux, la Rochelle et Le Havre, mais de nombreuses traces de ces périodes demeurent, qui gagnent à être explorées.

 Nous visiterons trois lieux de mémoire importants : le Palais de la Porte dorée, qui abritait l’ancien musée des Colonies et accueille aujourd’hui le musée de l’histoire de l’immigration ; le splendide (surtout au printemps) et peu connu jardin d’agronomie tropicale de Paris ; et les Invalides qui abritent le tombeau de Napoléon et le musée de l’armée, conçu en hommage aux conquêtes coloniales napoléoniennes.

Nous compléterons ces trois visites par des regards portés sur des lieux parisiens où se cristallisent des débats propres aux temps postcoloniaux qui sont les nôtres. En nous rendant sur les lieux à chaque fois que cela est nécessaire, nous évoquerons la manière dont sont dénoncées les formes d’inscription dans le paysage urbain de personnalités controversées : les célèbres rue Broca –  grand anatomiste mais inventeur de la pseudo science raciste nommée « craniologie » -, statues du ministre Colbert et du général Gallieni couvertes d’inscriptions, avenue Bugeaud rebaptisée en 2021 « avenue du criminel Bugeaud » par l’association SOS racisme. On s’intéressera aussi à l’inscription récente dans le paysage urbain de lieux porteurs d’une mémoire alternative : la statue de la mulâtresse Solitude, la plaque faisant mémoire de la répression des manifestants algériens le 17 octobre 1961, la « place du 8 mars 1962 » célébrant le cessez-le-feu de la guerre d’Algérie,  la placette rappelant la mémoire de l’émir Abd el Kader. On tentera d’établir le vocabulaire critique qui permet de rendre compte de la manière dont ces inscriptions apparaissent dans le paysage: discrétion, insistance, invisibilisation, hypervisibilisation etc.

S4: Pouvoirs de la parole

Raphaël Sigal

Comment les autrices et auteurs, les metteurs et metteuses en scène, les actrices et les acteurs s’emparent du théâtre pour donner du poids aux mots ? Cette question sera le fil rouge de notre cours ce semestre. Nous lirons des pièces de théâtre, des romans et des textes théoriques pour analyser la façon dont le théâtre donne à lire, voir et entendre des rapports de pouvoir. Ces rapports de pouvoir mettent aux prises les différents personnages et protagonistes qui sont au cœur des mises en scène, mais aussi des rapports de pouvoir entre la scène et la salle, l’auteur et le spectateur, le texte et la parole. Et comme nous sommes dans une ville où il existe 130 salles de théâtre, nous irons voir les textes que nous lirons ensemble représentés sur scène. 

S5: Jardins en controverses

Ariane Wilson

Entre Aubervilliers et Pantin, différentes conceptions de la nature en ville sont en guerre, des terrasses plantées d’un joyau architectural méconnu, La Maladrerie (arch. Renée Gailhoustet), aux jardins ouvriers des Vertus, à la « couronne boisée de l’écoquartier du Fort, aux pots de fleurs du budget participatif, au splendide arboretum du grand cimetière parisien de Pantin. Par ailleurs, et paradoxalement, la construction d’« écoquartiers » denses, dans le cadre de l’expansion du Grand Paris et du futur héritage des Jeux Oympiques, menace des ilots de verdure historiques dans la périphérie industrielle de Paris.

L’exploration attentive, par la promenade, de ce périmètre autour du Fort d’Aubervilliers, donnera voix à une série de controverses qui reflètent l’ambivalence de politiques publiques de végétalisation et des aménagements conduits par la spéculation immobilière d’une métropole voulue « durable ». Nous rencontrerons des jardiniers dans leurs potagers, un artiste qui dessine par acte de mémoire l’ensemble des parcelles des Jardins des Vertus, des agents du service des espaces verts de la ville de Paris, des habitants de la Maladrerie, des représentants des services d’urbanisme, une historienne des jardins.

De cette enquête au plus proche du terrain rayonnera une réflexion plus théorique nourrie par des lectures sur la nature en ville. Est-ce la même chose de parler de « jardin » ou « d’espace vert », de « plantation » ou de « végétalisation » ? Comment la conception de la « nature » a-t-elle changé entre la plantation d’arbres d’alignement le long des boulevards parisiens, l’aménagement des squares et la défense d’herbes folles entre les dalles d’un trottoir? Que devient l’art du jardin et le soin attentionné du jardinier lorsque l’on parle de l’arbre comme d’une infrastructure, notamment dans le contexte du réchauffement climatique ? En quoi le remplacement de jardins potagers ouvriers par des jardins collectifs partagés relève-t-il de débats idéologiques sur le lien entre citadin et autonomie alimentaire ? Est-ce réaliste d’imaginer une agriculture urbaine vivrière ? Comment la pensée classique opposant homme/nature et ville/campagne est-elle redéfinie par le terme du « vivant » ?

 Ce séminaire est l’occasion à la fois de découvrir quelques lieux peu visités dans la proche banlieue parisienne, et de questionner les évolutions du modèle classique du jardin parisien à l’aune de l’écologie urbaine. Nous alternerons entre séances en classe et séances en extérieur, et verrons ainsi les jardins hivernaux éclore au printemps !

Atelier d’écriture créative (.5 crédit)

Alexis Weinberg

Cet atelier d’écriture créative, conçu pour un public d’étudiant.e.s dont le français n’est pas la première langue, se structure autour de grands moments d’écriture : jouer, imiter, décrire, prêter attention, se souvenir, fictionner. La progressivité s’organise selon des modalités d’écriture de plus en plus personnelles.

Chacune de ces six séquences de deux heures donnera lieu à plusieurs activités individuelles ou collectives. Quelques considérations d’histoire et de théorie littéraires pourront nous aider à mettre en perspective ces activités. Les textes produits seront immédiatement partagés en classe, dans un esprit de respect et de bienveillance.

Certaines activités demandant plus de temps seront poursuivies par l’étudiant.e entre deux séances. Le partage des textes se fera alors au début de la séance suivante.