Les Cours du VWPP

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En plus des cours que vous suivez dans une des universités de Paris, chaque semestre, vous devez vous inscrire à un cours d’écriture intensive ainsi qu’à un (ou rarement deux avec autorisation de la directrice) séminaire(s) au sein du programme VWPP, dispensés à Reid Hall.

Les cours du VWPP pour le semestre d’automne 2023 :

 

COURS D’ÉCRITURE INTENSIVE (WRITING INTENSIVE – WI)

WI1)    Flâneries : expérience, imaginaire et écriture de l’espace urbain

Professeure : Simona CRIPPA

La figure poétique, historique et théorique du flâneur a fait l’objet de nombreuses analyses depuis les travaux fondateurs de Walter Benjamin. Son étude d’inspiration marxiste, Paris, capitale du XIXe siècle. Le livre des passages, offre une place centrale au poète Charles Baudelaire qui fait l’expérience inédite de la ville moderne et en rend compte notamment dans ses Tableaux parisiens. Selon Benjamin, Paris est un espace d’observation à la fois esthétique et critique d’une réalité nouvelle faite de modifications technologiques et architecturales liées à l’industrialisation et au « spectacle » de la marchandisation.

Le cours se propose d’analyser cette figure première de la flânerie dont nous interrogerons l’évolution notamment en termes de frontières de genre, classe et appartenance ethnique parce que l’espace urbain est l’apanage de plusieurs imaginaires, le reflet de différentes cultures et subjectivités. Nous tenterons de reconfigurer la déambulation citadine d’après nos nouveaux regards qui tiennent compte des transformations urbaines, anthropologiques, sociopolitiques et transculturelles récentes.

Le corpus prévoit l’étude d’extraits d’œuvres s’échelonnant du XIXème au XXIème siècles des auteur.e.s suivant.e.s : W. Benjamin, C. Baudelaire, G. Sand, F. Tristan, G. Apollinaire, L. Aragon, A. Breton, I. Eberhardt, M. Pelletier, Colette, M. Duras, G. Perec, M. Bey, A. Ernaux, E. Louis, L. Lafon, L. Miano. Des textes critiques accompagneront régulièrement la réflexion.

Les étudiant.e.s seront amené.e.s à partager leur regard/pensée de flâneur.euse dans les devoirs de « writing intensive » où le travail sur les œuvres se mêlera à leurs observations personnelles sur la ville.

WI2)    La modernité industrielle dans l’art et l’architecture (XIXe-XXe S.)

Professeure : Églantine MORVANT 

Ce cours propose d’observer la production architecturale et picturale représentant la société française, a fortiori parisienne, à l’ère industrielle. En rappelant l’évolution économique et sociale au gré des XIXe et XXe siècles, seront étudiés les différents mouvements artistiques au travers de tableaux, sculptures, bâtiments et monuments, qui rendent compte de ces changements de société. Le contenu du cours commencera au lendemain de la Révolution française de 1789 avec la peinture académique, couvrira le XIXe siècle et ses différents courants comme le romantisme, le réalisme, l’impressionnisme en peinture et en architecture les constructions haussmanniennes. Au tournant du XIX et du XXe siècles, nous observerons les manifestations de l’Art nouveau et les Arts décoratifs visibles au niveau du mobilier urbain ou des façades d’immeubles de Paris. Enfin, le cours s’achèvera avec les courants de l’Art Moderne de la première moitié du XXe siècle. Ce cours inclura des visites en musée et une visite à pied de la ville.

Par ailleurs, vous tiendrez une forme de journal illustrée (avec des photos et une carte, même manuscrite) dans lequel vous consignerez vos sentiments sur les découvertes que vous aurez faites au cours des semaines et que vous me remettrez à l’occasion du mid-term et du final paper

WI3)    L’amour à la française : une exception étrange ?

Professeur : Patrick GRAILLE

Toute idée de l’humain contient une idée de l’amour. Une idée universelle, que l’on cherche à traduire par des actes, des mots et des œuvres d’art, mais qui paradoxalement incarne l’ambigu, l’indicible, l’ineffable, à travers les expressions d’âmes et de sexes en détresse et/ou en extase.

Éros, qui était un dieu pour les Anciens, est devenu un tourment pour les Modernes. Ce dieu de l’amour et de la puissance créatrice était séduisant et mineur ; désacralisé, il se transforme en un mal majeur. Mais cette évolution eut lieu seulement en Occident, car rien d’analogue n’existe en Inde, en Chine ou en Afrique. Comment expliquer ce fait ? Et pourquoi l’érotisme – hétérosexuel, homosexuel, bisexuel ou non binaire – fut-il aussi longtemps condamné, voire criminalisé, aux yeux des chrétiens sincères comme dans les lois de l’État français laïque ?

Pour comprendre le puritanisme de cette situation, nous étudierons des œuvres qui identifient l’amour à une communication des cœurs et/ou à un appétit charnel. Conjointement, nous nous interrogerons sur la possibilité de qualifier l’expression de ces sentiments passionnels comme des phénomènes typiquement « français », surtout à en croire les stéréotypes de nombreux penseurs européens qui, du XVIe siècle à nos jours, stigmatisent la France pour ses mœurs vicieuses et décadentes.

Fondé sur un panorama d’extraits romanesques, de contes, essais, nouvelles, poésies, chansons et œuvres cinématographiques, ce cours explorera les arts d’aimer à la française à la fois historiquement (du XVIIIe siècle à aujourd’hui) et thématiquement (de l’adoration tragique à la volupté érotique).

 

SÉMINAIRES (SEMINAR – S)

S1)       Vers 2024. Les chantiers des Jeux Olympiques et leurs polémiques

Professeure : Ariane WILSON

Le semestre d’automne 2023 du VWPP précède de quelques mois la tenue des Jeux Olympiques 2024. Paris et sa proche banlieue sont un grand chantier. Ces aménagements justifiés par l’héritage qu’ils laisseront aux habitants du Grand Paris après l’évènement sportif ont soulevé de vives controverses. 

Ce séminaire, fait de promenades, visites, rencontres avec des habitants et des acteurs de l’aménagement et lectures, explorera le champ de ces polémiques dans sa brûlante actualité, mais étudiera également les sites dans leur épaisseur historique, qu’ils soient d’anciennes usines ou des grands parcs départementaux de l’ancienne banlieue rouge. L’analyse de chaque cas prêtera attention au discours utilisé par les partis défenseurs et les partis dénonciateurs, à partir de plaquettes ou manifestes publiés par les uns et les autres ainsi qu’une revue de presse. La notion « d’héritage » sera examinée avec une brève incursion comparative dans le sujet du leg d’autres Jeux Olympiques (Londres, Barcelone…). Le séminaire donnera également la possibilité d’une rencontre avec des étudiants en architecture concevant un pavillon pour une fédération sportive dans le Parc de la Villette.

S2)       Femmes, Féminisme, Genre et Sexualité(s) en France, XIXe– XXIe siècles

Professeure : Christelle TARAUD

Ce cours est une introduction générale à l’histoire des femmes, du féminisme et du genre dans la France contemporaine du XIXe au XXIe siècle. Dans ce cadre il s’agira de mettre en exergue plusieurs questions centrales de la problématique : 1) L’histoire des relations entre femmes, féminisme et genre en France de la Révolution française de 1789 à nos jours, en mettant particulièrement l’accent sur la première vague de féminisme (1880-1970) et sur la seconde (années 1970) ; 2) Comment les questions de femmes, de féminisme et de genre résonnent dans les débats très contemporains (parité, prostitution, hétérocentrisme, homophobie, mariage gay, homoparentalité, transidentité …) de la France d’aujourd’hui ; 3) Et enfin comment croiser les questions de genre et les questions décoloniales pour mieux comprendre et analyser certains grands débats de société en France (voile islamique par exemple). Il s’agira donc ici de mieux saisir la manière dont l’héritage colonial (pratiques et représentations) « travaille » la France des années 2000-2020, surtout à partir de populations africaines et maghrébines (notamment algérienne) considérées, tout particulièrement depuis le milieu des années 1980, comme spécialement « problématiques » pour le modèle français et « l’identité nationale ».

S3)       Le spectacle de Paris au cinéma

Professeur : Jonathan DEGENÈVE

Paris est un spectacle qu’offre le cinéma depuis sa naissance jusqu’à aujourd’hui. Les frères Lumière inventent le cinématographe à Lyon, mais c’est sur les Grands Boulevards parisiens qu’ils font les premières projections. Par ailleurs, leurs documentaires de la ville sont bel et bien mis en scène. Avec le passage du muet au parlant, et notamment dans Sous les toits de Paris qui incarne cette transition, la représentation urbaine se fait à travers des images qui deviennent progressivement des clichés dont certains se retrouvent jusque dans La La Land. Il est vrai que le film Les Enfants du Paradis montre déjà l’envers d’une capitale qui se transforme ainsi en décor, en théâtre de la passion, mais c’est la Nouvelle Vague qui renouvelle et même révolutionne cette vision. Il y a l’amour, mais il y a aussi l’exclusion (Les 400 coups), la mort (À bout de souffle), la déchéance (Le Signe du Lion) et la maladie (Cléo de 5 à 7). Paris se dote alors de dimensions multiples et variées, même lorsque les films sont nostalgiques (Dans Paris) ou futuristes (Peut-être). Reste que pour les jeunes de banlieue, aller à Paris c’est toujours aller au spectacle. En témoigne le cinéma de ces dernières années (La HaineBande de fillesDivines) qui invite du coup à une réflexion à la fois économique et anthropologique à l’endroit de celles et ceux qui sont comme des étrangers dans leur propre pays alors que leur culture, qui s’invente dans les cités, est ce que Paris ne cesse de suivre et de reprendre. 

S4)       Histoire et photographie en France (XIXe- XXe) : les enjeux politique et sociaux de la photographie

Professeur : Jean-Philippe DEDIEU

L’émergence de la photographie au début du XIXe siècle a constitué une révolution technologique, aussi importante que celle de l’imprimerie. Ce cours entend présenter aux étudiants une histoire de France à travers les usages de la photographie tant privés et publiques que sociaux et politiques. Le cours sera structuré autour de périodes historiques spécifiques dont l’engouement pour la photographie sous le Second Empire, la naissance de la photographie de guerre, la relation entre identité photographique et sécurité nationale, la constitution d’un imaginaire colonial, la pratique de l’image militante dans l’entre-deux- guerres, la question de la représentation de la Shoah, ainsi que le photojournalisme aux prises avec la couverture des crimes contre l’humanité dans les Balkans et au Rwanda. Outre l’analyse de textes académiques et de photographies, l’étude de journaux intimes, de lettres et de romans écrits par des photographes, des poètes et des romanciers apportera une perspective supplémentaire, plus proche de l’expérience photographique elle-même. Au fil du semestre, les étudiants affineront leurs compétences en matière d’analyse tant visuelle que culturelle et historique de l’histoire de France. Enfin, les étudiants seront amenés à se demander ce qui peut distinguer un ‘document’ photographique d’une ‘œuvre d’art’ photographique ou d’une ‘archive’ visuelle.

S5)       Lieux de mémoire dans Paris et dans la littérature française

Professeur : Martin MÉGEVAND

Paris regorge de lieux de mémoire : lieux où s’inscrit officiellement une mémoire nationale glorieuse, lieux portant plus discrètement la trace du passage de l’Histoire. De même, la littérature en français est un lieu où se construisent une mémoire et un patrimoine communs. Paris y joue un rôle clé.

De la Place des Vosges au Mémorial de la Shoah, du Père Lachaise au Panthéon, de l’église Saint Paul au cimetière de Picpus, des Passages parisiens aux îles de Paris, cinq itinéraires de circulation seront proposés, à la recherche des traces d’événements passés.

On s’interrogera sur la manière de qualifier les diverses formes d’inscription, tantôt héroïques et glorieuses, tantôt discrètes, et comme honteuses que le pouvoir (l’État, la Ville de Paris…) a choisies pour faire mémoire. On rapprochera ensuite ces différentes formes d’inscription d’événements historiques dans le paysage parisien et des textes de fiction ou de poésie qui traitent des mêmes événements, notamment la Terreur, la Commune, l’Occupation, jusqu’aux attentats de 2015. On s’attachera ainsi à examiner comment des textes littéraires s’articulent à la mémoire officielle – celle des livres d’Histoire -. Certains textes entrent en conflit avec elle (L’Insurgé de Jules Vallès par exemple), d’autres s’associent pleinement à elle (l’hommage à Jean Moulin de Malraux).

 

ATELIERS (0,5 crédit – supplémentaire, facultatif)

A1)      Atelier d’écriture créative

Professeur : Alexis WEINBERG

Cet atelier d’écriture créative, conçu pour un public d’étudiant.e.s dont le français n’est pas la première langue, se veut un parcours à travers la littérature française, y compris la création contemporaine, où les étudiant.e.s pourront laisser aller leur imagination. Nous emprunterons à tous les genres et toutes les époques, en commençant par éprouver la stimulation créative de la contrainte littéraire ; notre but sera toutefois, au fur et à mesure des séances, d’aller vers des modalités d’écriture de plus en plus investies personnellement.

Et concrètement ? Les consignes d’écriture seront, à chaque séance, introduites par la brève présentation d’un point d’histoire littéraire, mais toujours au service d’un effort d’énonciation personnelle. Le travail, ou une partie du travail, effectué en classe puis poursuivi par chacun.e après la classe, sera partagé au début de la séance suivante, dans un esprit de bienveillance, d’entraide et de convivialité.

A2)      Atelier d’art.

Détails à suivre. Par le passé, nous avons offert des ateliers de dessin, de peinture et de photographie argentique.