Cours du VWPP — Automne 2012

Cours d’écriture intensive (writing intensive courses)

  1. Images de l’autre dans la pensée française d’hier à aujourd’hui
  2. L’écriture de soi
  3. Paris et la littérature française: Lieux de mémoire [visites]

Séminaires (seminars)

  1. Le Scandale dans l’art : Provocations, controverses et Art Visuels
  2. Femmes, Féminisme, Genre en France (XIXe et XXe siècles)
  3. L’histoire du théâtre au miroir des programmations parisiennes

 

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Writing Intensive Courses (3)

 

1) Professeur Graille

Le jeudi de 14h à 16h

Images de l’autre dans la pensée française d’hier à aujourd’hui

Ecce alterum. Voici l’autre. Celui qui ne serait pas comme nous. Le prochain qu’on ne saurait aimer comme soi-même. Au Vème siècle avant l’ère chrétienne, un Grec d’Asie, Hérodote d’Halicarnasse, se moque ainsi des Égyptiens qui « font tout à l’inverse des autres. Chez eux, ce sont les femmes qui vont au marché et s’adonnent au commerce de détail ; les hommes restent au logis et tissent. Les femmes urinent debout, les hommes accroupis. Tous mangent dans les rues et adorent certains poissons comme des dieux. » Comment peut-on être Égyptien semble penser le « père de l’histoire » ? Deux mille ans plus tard, l’aberration de la question continue de faire débat. Dans le chapitre « Des cannibales » des Essais (1588), Montaigne compare la vieille Europe au nouveau monde des Indiens d’Amérique et « trouve qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage dans cette nation », « sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. » À sa suite, le personnage Rica des Lettres persanes (1721) de Montesquieu raille les naïfs préjugés des parisiens en se demandant : « Comment peut-on être Persan ? » Enfin, Kéchiche, dans son film Vénus noire (2010), met radicalement en cause les théories raciales de l’exclusion à travers une fiction historique.

D’une époque à l’autre, il ne fait pas bon être différent. Qu’il soit étranger, sauvage, libertin, hérétique, meurtrier, dément, monstrueux…, l’autre a la mauvaise réputation que lui affectent les normes des sociétés dominantes. Or, ces normes — qui recoupent des thèses théologiques, juridiques, scientifiques, esthétiques, morales… — soulèvent plusieurs demandes. « Je » pourrait-il être « un autre », pour paraphraser la célèbre et paradoxale formule de Rimbaud dans sa lettre de 1871 ? L’autre pourrait-il être « je » ? Où situer la frontière entre l’identité et l’altérité ? À travers des thématiques et des documents variés (œuvres plastiques, dialogues, romans, nouvelles, contes, essais, confessions, articles, extraits de films…), nous explorerons les multiples visages de cet autre du XVIIème siècle à nos jours, sa valeur de repoussoir et d’exutoire, la fascination qu’il exerce.

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2)Professeur de Chalonge


Le mercredi de 14h30 à 16h30

L’écriture de soi

Quand l’écriture de soi choisit la fiction, elle imite les formes de la correspondance ou du journal intime ; elle se fait roman épistolaire ou roman journal. Avec beaucoup d’ambiguïtés. Les Lettres de la religieuse portugaise publiées à la fin du XVIIe ont été lues pendant plusieurs siècles comme un document authentique avant d’être reconnues comme le roman qu’elles sont. Il faut dire que le lecteur aime par-dessus tout la force des histoires vraies. Au XXe siècle, l’écriture de soi abandonne les formes convenues et, comme dans Un homme qui dort, fait parler une voix intérieure et distanciée. Elle met aussi en question les limites entre fiction et vérité et instaure un nouveau genre, l’autofiction, qui mêle le vrai de la vie vécue à l’invention née de l’écriture (L’Amant).

Parler d’amour (Lettres de la religieuse portugaise), aborder la folie (Le Horla), choisir l’indifférence (Un homme qui dort), revenir à l’enfance (L’Amant) sont ici les enjeux d’une écriture portée par de grandes voix solitaires qui, à l’intérieur de la lettre, du journal, du monologue, par l’image, savent parler de soi — et de nous.

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3) Professeur Mégevand


Le mardi de 14h à 16h

Paris et la littérature française: Lieux de mémoire [visites]

Paris regorge de lieux de mémoire : lieux où s’inscrit officiellement la mémoire nationale sous forme d’inscriptions votives, ou lieux portant plus discrètement la trace du passage de l’Histoire. De même, la Littérature française est un lieu où se construisent une mémoire et un patrimoine : Paris y joue un rôle-clé.

Du Mur des fédérés aux immeubles de l’Ile Saint-Louis exhibant leurs plus célèbres locataires (Baudelaire, Daumier, Camille Claudel, Breton), du Panthéon aux ex-votos de Saint Etienne du Mont, des passages parisiens d’Aragon à ceux de W. Benjamin : on proposera aux étudiants cinq itinéraires de circulation dans Paris à la recherche d’événements passés en rapport avec l’actualité.

On propose de rapprocher cette inscription, directe, dans le paysage urbain parisien de la mémoire historique et celle, placée dans la fiction littéraire, de l’histoire de Paris : tel sera le contenu des sept séances en salle de ce cours.

Paris choisi par Victor Hugo dans Les Misérables comme promesse des révolutions : les lieux qu’il élit, de la Place de la Bastille aux Feuillantines, en passant par le dédale du Marais, le « boulevard du crime » et ses représentations reconstituées dans Les enfants du Paradis ; le grand magasin de Zola, lieu synthétique des aspirations nouvelles d’une société en pleine mutation de valeurs :les pistes d’exploitation littéraire des lieux parisiens sont innombrables, et la mise en parallèle d’œuvres littéraires et cinématographiques pourra également être exploitée. Ce cours permettra des rencontres singulières comme celle de Balzac, Picasso et… Louis XIII rue des Grands Augustins.

Objectif:
L’intérêt théorique d’un cours de Littérature prenant Paris pour mémoire est d’entrer dans des œuvres majeures ou moins connues de la Littérature française selon une approche prenant pour axe principal la mémoire culturelle.

Validation:
Pour valider le cours, l’étudiant sera chargé d’établir des comptes-rendus de visite d’une page chaque semaine. Il rendra, en fin de semestre, un travail d’écriture créative portant sur sa perception d’un lieu parisien. Ce cours sera constitué de 13 séances ou 12 séances dont 5 sorties sur des sites parisiens en rapport avec les textes étudiés en cours. Les travaux écrits seront effectués dans une visée de renforcement de l’expression écrite en français. Des corrections développées seront fournies aux étudiants.

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Seminars (3)

 

1) Professeur Kraguly

Le mercredi de 11h à 13h

Le Scandale dans l’art : Provocations, controverses et Art Visuels

L’histoire de l’art est ponctuée des scandales qui souvent signalaient des inventions techniques ou annonçaient des ruptures conceptuelles, ou des transgressions majeures des valeurs de la société.

L’art moderne et postmoderne, plus que jamais, entretiennent une relation étroite avec les notions de scandale et de censure.

Ce cours se propose de discuter certaines œuvres d’artistes qui ont, à des certains moments et pour différentes raisons, choquées, scandalisées le public et causées de tempêtes de contestations. Nous allons examiner des cas particulièrement significatifs pour pouvoir spécifier à la fois les conditions du scandale – types de transgressions, de valeurs transgressées et de contextes historiques – et ses effets. Le cours évoquera aussi l’incompréhension qui pourrait exister entre artiste et mass medias, ainsi que, le rapport problématique existant entre art et société.

Confrontés avec l’impossibilité de présenter un panorama complet, nous allons nous contenter d’esquisser l’histoire de l’art secouée de scandales d’une manière explicite pour qu’elle soit en rapport réel à la compréhension de l’art d’aujourd’hui.

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2) Professeur Taraud

Le lundi de 16h à 18h

Femmes, Féminisme, Genre en France (XIXe et XXe siècles)

Ce cours est une introduction générale à l’histoire des femmes, du féminisme et du genre dans la France contemporaine du XIXe au XXIe siècles. Dans ce cadre il s’agira de mettre en exergue plusieurs questions centrales de la problématique : 1) L’histoire des relations entre femmes, féminisme et genre en France de la Révolution française de 1789 à nos jours, en mettant particulièrement l’accent sur la première vague de féminisme (1880-1970) et sur la seconde (années 1970) ; 2) Comment les questions de femmes, de féminisme et de genre résonnent dans les débats très contemporains (parité, prostitution, pornographie, mariage gay, homoparentalité …) de la France d’aujourd’hui ; 3) Et enfin comment croiser les questions de genre et les questions post-coloniales pour mieux comprendre et analyser les polémiques “récentes” en France (voile islamique par exemple). Il s’agira donc ici de mieux saisir la manière dont l’héritage colonial (pratiques et représentations) « travaille » la France des années 2000-2010, surtout à partir de populations africaines et maghrébines (notamment algérienne) considérées, tout particulièrement depuis le milieu des années 1980, comme spécialement “problématiques” pour le modèle français et “l’identité nationale”.

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3)Professeur Clément

Le mercredi 17h à 19h

L’histoire du théâtre au miroir des programmations parisiennes

Le cours se propose d’offrir aux étudiants, à partir d’un programme précis, des ouvertures à la fois sur la scène parisienne et sur l’histoire et la tradition du théâtre occidental. Le cours est donc différent chaque année et même chaque semestre, puisqu’il dépend de la programmation des salles à chaque saison théâtrale.

Quelques grands textes du répertoire classique ou contemporain seront lus en classe, choisis pour donner aux étudiants un aperçu significatif de l’histoire du théâtre français du 17è siècle (Corneille, Suréna ; Racine, Phèdre) à nos jours (Beckett, Fin de partie ; Genet, Les Nègres). L’un des buts avoués du cours est de faire prendre conscience aux étudiants du rôle décisif qu’ont joué les classiques dans l’évolution du genre dramatique. Si la tragédie, par exemple, est désormais l’affaire de tous, c’est en grande partie grâce à eux, qui ont voulu faire en sorte que le spectateur puisse s’identifier sans mal aux héros et aux grands de ce monde qu’ils montrent sous un jour ordinaire, parfois même trivial.

Le déroulement des cours, séance par séance, est évidemment dépendant de cette formule, qui fait alterner programme du cours et programme des salles.

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