Les Cours du VWPP

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En plus du ou des cours que vous suivrez dans une des universités de Paris, chaque semestre, vous devez suivre un cours d’écriture intensive ainsi qu’un ou deux séminaires au sein du programme VWPP, dispensés à Reid Hall. Vous pouvez aussi suivre un atelier (.5 crédit) – en plus des quatre cours d’un crédit – avec la permission du directeur.

Comme la majorité des cours offerts à l’université parisienne, les cours d’écriture intensive et les séminaires organisés par le programme se réunissent à raison d’une fois par semaine pour deux heures, sans compter les sorties que les professeur·es auront prévues en dehors des heures du cours. 

Les cours d’écriture intensive sont accompagnés par une heure de tutorat obligatoire chaque semaine. 

Writing Intensive Courses

WI1: Écrire, réécrire, déconstruire les mythes

CRIPPA  Simona  

« [I]l n’est aucun peuple dont l’histoire ne commence par des fables ou avec la mythologie » écrit Marcel Detienne. En effet, récits fondateurs, les mythes tentent de répondre aux questions que l’humanité s’est posée depuis ses origines : comment expliquer les phénomènes naturels ? Quel sens donner à un rite ou à un interdit ? Pourquoi le groupe ? Quel est l’ordre du monde ? Où situer le sacré ? 

Remarquable machine de création poétique, les mythes sont passés de la tradition orale à l’espace littéraire où, transformés et réactualisés, ils ont produit des significations et des discours ayant forgé nos imaginaires. Mais pouvons-nous encore accepter ces fables ancestrales qui reproduisent un monde à travers lequel nous hésitons à nous reconnaître ? Violence, misogynie, culture du viol sont légion et si le phénomène de la catharsis assure la métamorphose des passions en capacités virtuoses, il ne remet pas en question les stéréotypes patriarcaux de tout genre.

Le cours se propose d’analyser ce que raconte, explique, révèle, colporte la mythologie à travers des écritures anciennes que nous comparerons aux réécritures modernes et contemporaines. Nos lectures et interprétations s’attacheront dès lors à la déconstruction des vieux archétypes contribuant possiblement à réinventer nos récits collectifs en créant de nouvelles représentations socioculturelles et de nouveaux imaginaires.

Le corpus comprend des écritures et réécritures littéraires à la fois de figures mythiques et de mythes des origines. Il se focalisera en particulier sur les mythes de Méduse, Médée et Œdipe, à savoir trois visages du monde archaïque qui continuent d’intéresser, à juste titre, les auteurs.trices contemporain.e.s. Cinéma, bande dessinée, roman graphique, chanson – expressions saillantes de notre imaginaire – constitueront également un matériau de réflexion et d’analyse partagé en classe. 

Dans leurs devoirs de « writing intensive », les étudiant.e.s pourront proposer soit une réécriture d’un mythe de leur choix soit une analyse critique d’un texte proposé par l’enseignante. 

WI2: L’Invention de l’exotisme dans la littérature et les arts français. De l’Inde à l’Afrique (XVIIe et XVIIIe siècles)

GRAILLE  Patrick

Formé à partir du grec exô (au-dehors), le mot exotisme signifie extérieur, étranger. Il traduit ce qui n’appartient pas à une nation ou à une culture de référence, une curiosité, voire un amour des mondes lointains. En théorie universel, le goût de l’exotisme s’appliqua pourtant avec plus d’intensité et de variété en Europe. Dès les « grandes découvertes » et l’ère précoloniale, les récits de voyages, les fictions et les œuvres d’art mettant en scène des étrangers fascinèrent. Si les historiens de la littérature et de l’art situent surtout cette vogue et ses stéréotypes aux XIXe et XXe siècles, dans le sillage des colonisations, c’est néanmoins au temps du Roi-Soleil et des Lumières, que la société française connaît un engouement pour ce qu’elle fantasme comme « l’Orient » et « l’Afrique Noire ». Or, cette projection des mentalités sur des contrées aussi lointaines et différentes est représentée de façon opposée. Deux types d’exotismes s’imposent alors. L’un magnifiant l’étranger comme civilisé, évolué, l’autre le diabolisant comme sauvage, arriéré. En 1756, Voltaire, le philosophe le plus influent de son temps, décrit ainsi « l’Inde de qui toute la terre a besoin, et qui seule n’a besoin de personne », tout en réduisant l’esclavage des Africains à un commerce « démontrant notre supériorité ». Qu’est-ce qui justifie ces préjugés ? Sont-ils unanimement partagés ? Genrés ? Comment l’exotisme peut-il à la fois exprimer une sensibilité, un art subtil d’accéder à l’autre, une ethnologie humaniste, et un racisme culturel et scientifique essentialiste, qui bientôt envahira la pensée occidentale ? Enfin, de quelles manières ces approches précoloniales paradoxales de l’exotisme préfigurent-t-elles les perceptions coloniales de l’étranger, africain ou indien, qui triompheront aux XIXe et XXe siècles ?

Partagé entre l’Inde et l’Afrique subsaharienne, le cours explorera ces questions à travers des documents variés : récits de voyages, extraits romanesques et philosophiques, contes, fables, pièces de théâtre, œuvres graphiques… Afin de contrebalancer le corpus d’œuvres en majorité rédigées par des hommes blancs français – les rares femmes écrivaines de l’époque n’ayant pas laissé d’écrits relevant de l’exotisme –, nous lirons lorsque cela sera possible les textes au programme en miroir avec des critiques issu.e.s de diverses origines et cultures.

Pour prévenir les « esprits sensibles », précisons que certaines séances aborderont des sujets parfois « choquants », mais qui se révèleront nécessaires pour comprendre la création des histoires et des imaginaires du passé.

WI3: Le réalisme dans la peinture et la photographie

MORVANT Églantine  

Depuis la Grèce Antique et la question de la mimesis ou imitation du réel, en passant par le 19e siècle et le courant du réalisme de Courbet, jusqu’au réalisme contemporain, ce cours interroge les différentes définitions données au réalisme au gré des époques et cernera les enjeux artistiques liés à la production d’un art dit « réaliste » et observe comment le réalisme contemporain a bousculé ces critères. Ce cours consacrera également une ou deux séances à l’exploration de la question du réalisme dans la photographie. En fin de parcours, il s’agira de s’interroger sur le réalisme d’aujourd’hui, en peinture et en photographie.

Le cours impliquera des visites : au musée d’Orsay (collection permanente et exposition temporaire sur Caillebotte), à Beaubourg, et la visite d’une exposition photo (soit expo Chnatal Ackermann au Jeu de paume, soit une visite au Bal — selon l’artiste, soit à la Fondation Cartier-Bresson, soit à la galerie Les Douches – les programmations de l’automne ne sont pas encore disponibles en ligne).

Séminaires 

S1: Introduction à l’analyse d’un spectacle de théâtre ou d’une performance

MEGEVAND  Martin   

Il s’agit dans ce cours d’associer une expérience de spectateur de théâtre (ou de performance) et l’apprentisage de connaissances d’ordre théorique sur le genre théâtral et la performance – des textes fondateurs des grandes catégories de l’esthétique théâtrale seront examinés, de Platon, Aristote, Horace, Corneille, Diderot, Hugo, Artaud, Brecht, Schechner, Carlson… – 

Durant ce cours, nous assisterons à 4 ou 5 spectacles de différsnts genres et formats dans des théâtres historiques français (Comédie-Française, Palais de Chaillot, Odéon, Bouffes du Nord…) . Ces spectacles seront préalablement présentés en cours. Puis, après avoir vu chaque pièce, on travaillera ensemble à l’élaboration de textes de critique dramatique qui rassembleront les observations des paricipantes et  des participants. 

Ces textes porteront sur les données principales de la représentation (décor, jeu des acteurs et actrices, rythme et tempo, traitement du texte [si pertinent], étude de la présentation de la pièce par la compagnie). Ils seront rassemblés en un livret qui sera remis à chaque étudiante et étudiant à la fin du semestre. Pour la validation du cours, il s’agira de remettre un dossier d’analyse d’un spectacle (6 pages minimum) choisi par l’étudiant après l’accord préalable du professeur. Un examen de contrôle des connaissances théoriques aura lieu à la dernière séance, qui sera la date de remise du dossier.

Le programme des pièces et le calendrier des sorties seront fournis lorsque le programme du Festival d’Automne à Paris sera connu. Les participantes et participants au cours seront donc tenus d’assister aux spectacles et de lire préalablement les pièces au programme, lorsque les textes sont disponibles.

S2: Paris Mosaïque : des communautés au communautarisme (XIXe-XXIe siècles)? 

TARAUD Christelle 

Ce cours est une introduction à l’histoire des communautés à Paris. À travers cette question, il s’agit bien sûr d’interroger l’histoire de Paris, l’histoire de la France, l’histoire de l’Europe, l’histoire de l’immigration et l’histoire coloniale et post-coloniale — qui explique en partie la présence de nombreux migrants (et de leurs enfants devenus entre temps citoyens français) provenant du Maghreb, d’Afrique subsaharienne, d’Asie — mais aussi de relier le présent au passé et de mettre en perspective les débats très contemporains auxquels la société française est confrontée : immigration clandestine, question de la laïcité, affaire du foulard islamique…

Le cours se propose donc autant d’aborder la question de l’implantation de ces communautés étrangères et immigrées européennes, africaines et asiatiques (Belges, Italiens, Espagnols, Polonais, Portugais, Algériens, Sénégalais, Maliens, Vietnamiens, Chinois…) ou migrantes (les « Français de souche nord-africaine » avant 1962 par exemple) dans un espace singulier — Paris — que de problématiser (en les liant avec cette longue histoire de l’immigration dans la capitale) les questions polémiques qui ont abouti à l’idée qu’un certain type de communautarisme « ethnique » ou/et « confessionnel » (que le cours tentera de définir) était en train de s’installer (ou pas) en France.

Très riche en dates, définitions, notions, concepts — car il mobilise en effet des connaissances nombreuses sur l’histoire de Paris, sur l’histoire de France, sur l’histoire européenne, sur l’histoire de l’immigration, sur l’histoire coloniale et post-coloniale et sur l’histoire des relations internationales — le cours permet, à travers le paradigme communauté/communautaire d’entrer différemment (au travers de Paris et de ses habitant.es) dans la complexité du monde contemporain.

S3:  Jardins en controverses

WILSON Ariane

A Paris, les squares et jardins hérités du 19è siècle, mais aussi les espaces publics qui ont façonné l’image de la ville, sont en cours de transformation au nom de l’écologie. C’est à se demander si le jardin à toujours le droit d’exister dans les nouvelles conceptions urbaines.

Est-ce la même chose de parler de « jardin » ou « d’espace vert », de « plantation » » ou de « végétalisation » ? Comment la conception de la « nature » a-t-elle changé entre la plantation d’arbres d’alignement le long des boulevards parisiens, l’aménagement des squares et la défense d’herbes folles entre les dalles d’un trottoir ? Les couloirs de diversité sont-ils compatibles avec les rythmes de composition urbaine du Paris haussmannien ? Que devient l’art du jardin et le soin attentionné du jardinier lorsque l’on parle de l’arbre comme d’une infrastructure, notamment dans le contexte du réchauffement climatique ? En quoi le remplacement de jardins potagers ouvriers par des jardins collectifs partagés relève-t-il de débats idéologiques sur le lien entre citadin et autonomie alimentaire ? Est-ce réaliste d’imaginer une agriculture urbaine en plein Paris ? Comment la pensée classique opposant homme/nature et ville/campagne est-elle redéfinie par le terme du « vivant » ? Les écoquartiers sont-ils vraiment écolos ?

Nous tenterons de répondre à ces questions en alternant entre lectures, promenades et analyse iconographiques. Lecture de description littéraires mais aussi des documents d’urbanisme actuels de la Ville de Paris en matière de rafraichissement et verdissement de la ville. Promenades dans une sélection des jardins et parcs historiques et plus récents, connus ou peu connus, accompagnées d’un propos qui pose les intentions politiques des espaces publics verts. Analyse iconographique autant de tableaux représentant les boulevards et squares du Paris haussmannien, que des images produites pour représenter l’apport végétal de nouveaux projets d’architecture. Lorsque l’on regarde de près, n’est-il pas curieux, par exemple, sur telle image de projet de paysage pour un nouveau quartier du Grand Paris, que les habitants soient de taille lilliputienne par rapport à des fougères géantes… ?!

Ateliers

A1: Atelier d’écriture créative

WEINBERG Alexis

Cet atelier d’écriture créative, conçu pour un public d’étudiant.e.s dont le français n’est pas la première langue, se structure autour de grands moments d’écriture : jouer, imiter, décrire, prêter attention, se souvenir, fictionner. La progressivité s’organise selon des modalités d’écriture de plus en plus personnelles.

Chacune de ces six séquences de deux heures donnera lieu à plusieurs activités individuelles ou collectives. Quelques considérations d’histoire et de théorie littéraires pourront nous aider à mettre en perspective ces activités. Les textes produits seront immédiatement partagés en classe, dans un esprit de respect et de bienveillance.

A2: Atelier de podcast

SAINT-GERMAIN, Laetitia

Cet atelier est une initiation au podcast lors duquel le groupe réalisera collectivement une série documentaire sur leur expérience pendant le semestre à Paris. Grâce à la régularité de l’activité, les élèves pourront détailler la manière dont ils et elles évoluent dans leur vie en France, ce qui les étonne au départ, ce à quoi il·elles s’habituent, ce qui va leur manquer au moment de repartir aux États-Unis.

Le rendu de ce cours pourrait par exemple être une série documentaire en 5 épisodes de 20 minutes intitulée « Immersion dans le VWPP — Fall 2024 ». Chaque épisode comprendrait une voix off assuré par un·e étudiant·e, une immersion dans les activités qu’il·elles font (balade en bateau-mouche, dégustation vin/fromage, visite de Versailles), des interviews des élèves et de certain·es membres du programmes et familles d’accueil, et un habillage musical réalisé par les étudiant·es, en fonction de leur pratique artistique (chant, piano, etc).

Le rendu de cet atelier aurait une visée pédagogique et de communication. Il pourrait être diffusé sur le site du VWPP et sur les plateformes d’écoute. Il viserait en particulier les élèves présent·es à Paris et leurs familles, ainsi que les étudiant·es qui pensent à effectuer un semestre à l’étranger et veulent savoir ce qui se passe concrètement dans la vie des élèves lorsqu’ils sont à Paris.