Cours du VWPP – Automne 2015

Cours d’écriture intensive / writing intensive courses (4)

  1. Réagir sur la France d’aujourd’hui (WI1)
  2. L’écriture de soi (WI2)
  3. Affreux, sales et méchants : les monstres dans la littérature  française (WI3)
  4. Paris dans le cinéma français (WI4)

 

Séminaires / seminars (5)

  1. Panorama du théâtre contemporain (S1)
  2. La métamorphose de l’objet : Art et anti-art (S2)
  3. La mémoire collective dans Paris et dans la création littéraire (S3)
  4. Économie du sexe : XIXe-XXIe siècles (S4)
  5. Comment peut-on être français ? Identités et polémiques dans la France d’aujourd’hui (S5)

 

Mis à jour le mardi 8 septembre


Ecriture Intensive – « Writing Intensive »

 

Réagir sur la France d’aujourd’hui (WI1)

Maud Collet-Basset
Lundi 12h-14h

L’objectif de ce cours est d’aider les étudiants à améliorer leur expression écrite tout en développant leurs compétences dans les autres domaines de la langue française, l’expression orale ainsi que la compréhension écrite et orale. Chaque étudiant sera amené à progresser à son niveau et à utiliser son expérience en France comme source de réflexion sur la culture et la langue à travers des activités en classe et hors de la classe (faire le récit d’un événement, mener un entretien avec un/une francophone et en rapporter le contenu, tenir un carnet de bord, exprimer son opinion sur des faits d’actualité…).

A travers les activités effectuées, les étudiants enrichiront leur vocabulaire dans les différents niveaux de langue et des domaines variés, et affineront leur style. Les supports utilisés seront, entre autres, des films et documentaires, des passages d’émissions (télévision ou radio) ainsi que des extraits de presse et de littérature.

Tout au long du semestre, les étudiants suivront l’actualité, observeront et analyseront les habitudes, coutumes, objets, etc. qui les entourent dans leur vie quotidienne en France afin d’utiliser ces réflexions dans les différentes activités écrites et de contribuer aux échanges en classe. Ils seront ainsi amenés à mettre en perspective leur représentation de la société française et comprendre les enjeux au coeur des débats actuels. Chaque cours débutera par une rapide revue de presse des faits marquants de l’actualité.

Une participation active et régulière, la ponctualité, et le respect des délais pour rendre les devoirs, sur papier et non par mail, sont indispensables au bon déroulement de ce cours.

La note finale sera basée sur la participation, trois devoirs de quatre à cinq pages (une dissertation, une critique de film et un commentaire de texte), de courts exercices écrits chaque semaine (entretien rapporté, brefs récits, réactions sur différents sujets…) et un exposé oral résumé ensuite à l’écrit. Ces devoirs seront répartis tout au long du semestre. Les étudiants contribueront à la mise à jour régulière du blog du programme afin de partager leur expérience en France avec les futurs étudiants ou les étudiants des différents cours de français.

Le cours est organisé en douze séances articulées autour de sujets sur la société française. Suivant l’actualité du moment, certains sujets seront davantage développés. A mi-mandat du gouvernement actuel, c’est l’occasion de faire un tour d’horizon sur « l’état » de la France dans beaucoup de domaines (les débats qui agitent la société française, la place des femmes dans la société, la diversité, le monde politique, les enjeux de l’école…). En outre, l’automne sera marqué par la préparation des élections régionales de décembre 2015 dans un contexte où les votes des Français aux dernières élections européennes et locales ont modifié de manière durable le paysage politique.

Les textes à lire et à préparer pour chaque séance seront distribués au cours du semestre.

Le groupe participera à deux sorties dans le cadre du cours : un déjeuner au lycée hôtelier et une visite au Centre National de l’Histoire de l’Immigration.


L’Ecriture de soi (WI2)

Florence de Chalonge
Mercredi 14h30-16h30

Quand l’écriture de soi choisit la fiction, elle emprunte les formes de la confession écrite ou imite un modèle, celui de la correspondance ou du journal intime pour se faire roman épistolaire ou roman journal. Les Lettres de la religieuse portugaise publiées à la fin du XVIIe siècle ont été lues pendant des siècles comme un document authentique avant d’être reconnues comme le roman d’un certain Guilleragues, gentilhomme et ambassadeur. Il faut dire que le lecteur aime par-dessus tout la force des histoires vraies. Ainsi, au début du XIXe siècle, Adolphe de Benjamin Constant se présente encore comme une « anecdote trouvée dans les papiers d’un inconnu », quand en 1887 Le Horla de Maupassant se lit comme le journal inquiet d’une saison qui sera fatale à son diariste. Au XXe siècle, l’écriture de soi abandonne les formes convenues et Un homme qui dort de Georges Perec fait parler une voix intérieure et distanciée. Elle met aussi en question les limites entre fiction et vérité et instaure un nouveau genre, l’autofiction, qui, comme L’Amant de Marguerite Duras, mêle le vrai de la vie vécue à l’invention romanesque.

Parler d’amour ou d’incapacité à aimer (Lettres de la religieuse portugaise, Adolphe), aborder la folie (Le Horla), choisir l’indifférence (Un homme qui dort), revenir à l’enfance (L’Amant) sont ici les enjeux d’une écriture portée par de grandes voix solitaires qui, à l’intérieur de l’anecdote, de la lettre, du journal, du monologue, et par l’image, savent parler de soi — et de nous.

 

Affreux, sales et méchants : les monstres dans la littérature française (WI3)

Patrick Graille
Jeudi 16h-18h

Ecce monstrum. Voici le monstre. Celui qui ne serait pas comme nous. Qui serait différent. Et qu’on ne pourrait aimer comme son prochain. Au Vème siècle avant l’ère chrétienne, un Grec d’Asie, Hérodote d’Halicarnasse, se moque ainsi des Égyptiens qui « font tout à l’inverse des autres. Chez eux, ce sont les femmes qui vont au marché et s’adonnent au commerce de détail ; les hommes restent au logis et tissent. Les femmes urinent debout, les hommes accroupis. Tous mangent dans les rues et adorent certains poissons comme des dieux. » Comment peut-on être Égyptien ? se demande de toute sa hauteur celui qui fut surnommé le « père de l’histoire » ?

Si chaque époque réactualise et invente ses critères d’inquiétantes étrangetés, le monstre, qu’il soit étiqueté comme autre, étranger, sauvage, libertin, hérétique, meurtrier, financier ou fou, reflète les normes théologiques, juridiques, scientifiques, esthétiques, idéologiques ou morales des sociétés dominantes. Or, ces normes peuvent à leur tour devenir monstrueuses. De ce paradoxe naissent un certain nombre d’interrogations : où situer la frontière entre l’identité et l’altérité ? Où est le monstre ? Qui est-il ? Comment se manifeste-t-il ? Pourquoi est-il ? A-t-il ou non une valeur sociale de repoussoir et d’exutoire ? Quels types de savoirs et de fantasmes symbolise-t-il ? Pourquoi fascine-t-il autant, hier comme aujourd’hui ? Le séminaire débattra de ces questions à travers des thèmes et des documents variés : œuvres plastiques, dialogues philosophiques, romans, nouvelles, contes, essais, confessions, articles de journaux, extraits de films…

 

Paris dans le cinéma français (WI4)

Jonathan Degenève
Mardi 11h15-13h15
Visionnage des films au programme tous les lundis de 14h30 à 16h30 (à partir du 22 septembre) Mis à jour le 8/09/2015

C’est à Paris que naît le cinéma à la fin du XIXe siècle. Aboutissement d’un siècle d’innovations techniques et de révolutions artistiques, le cinéma incarne la modernité. Il va ainsi relayer la littérature et célébrer à son tour le mythe de Paris, au point qu’il est aujourd’hui possible de se demander si le mythe de Paris n’a pas été, et ne continue pas d’être, construit par le cinéma. Le cours s’organise autour de trois thèmes. Dans un premier temps, il s’agira de retracer la naissance à Paris d’un art à la fois industriel et populaire, le développement des salles et l’invention de la cinéphilie. Ce sera l’occasion de comprendre l’histoire ainsi que l’esthétique du cinéma français depuis la « Qualité française » jusqu’à la « Nouvelle Vague », et de considérer les difficultés et la richesse du cinéma français d’aujourd’hui. Dans un deuxième temps, on examinera le Paris « naturel » des cinéastes de la Nouvelle Vague : la ville-mouvement de Jean-Luc Godard et le réalisme poétique d’un nouveau genre d’Éric Rohmer. Enfin, le cours envisagera dans un troisième temps le mythe de Paris dans tous ses états, à travers les motifs du « spleen », de l’imaginaire de la catastrophe et du luxe.

 

 


Séminaires

 

Panorama du théâtre contemporain (S1)

Bruno Clément
Mercredi 17h-19h
et des soirées théâtrales

Le cours se propose d’offrir aux étudiants, à partir d’un programme précis, des ouvertures à la fois sur la scène parisienne, sur l’histoire et la tradition du théâtre occidental, sur les créations les plus contemporaines.

Le cours est donc différent chaque semestre, puisqu’il dépend de la programmation des salles à chaque saison théâtrale.

Le programme du cours « Panorama du théâtre contemporain » est élaboré pour permettre un balayage assez vaste du théâtre depuis l’Antiquité grecque (il donne presque toujours lieu à un cours sur Platon et Aristote, un cours sur la naissance de la tragédie) aux 19e, 20e et 21e siècles sans compter l’expérience très stimulante de spectacles en langue des signes (à l’International Visual Theater) quand la programmation le permet. Ou d’autres spectacles, encore impossibles à nommer…

Les cours consistent à préparer les spectacles auxquels le groupe d’étudiants doit assister avec le professeur, puis à commenter, analyser, éventuellement critiquer les spectacles en question.

L’objectif général du cours est à la fois de donner aux étudiants une bonne connaissance des textes et de la tradition du théâtre et de leur faire découvrir la multiplicité des manières de jouer et de mettre en scène. C’est aussi, pour le professeur, l’occasion de faire prendre conscience qu’il n’y a pas une et une seule théorie de théâtre, mais une infinité, dont la diversité des expériences du semestre doit permettre de donner une idée. C’est enfin de faire entrer les étudiants dans le monde de la vie culturelle parisienne.

 

La Métamorphose de l’objet : Art et anti-art (S2)

Nena Kraguly
Mercredi 11h-13h
Séances à Reid Hall et séances avec visites sur site – laissez une demi-heure avant et après pour se rendre sur les lieux des visites.

Depuis le milieu du XXème siècle, le monde contemporain s’est orienté chaque jour davantage vers un primat de l’objet qui vient d’abord de sa prolifération immense, et de ses ramifications économiques et culturelles tous azimuts qu’un monde de circulation trépidante suppose. L’art traduit, ainsi que l’a avancé Oswald Spengler, la physionomie culturelle des sociétés.

Walter Benjamin dénonce les mutations causées par la reproduction massive ad infinitum de l’objet. Ronald Barthes parle de mythologie quotidienne dans laquelle les objets acquièrent un nouveau caractère fétichiste.

L’objet investit le champ de l’art avec le geste radical de Marcel Duchamp et ses ready-made. Les artistes prenant une attitude dynamique vis-à-vis du monde des objets, ne transposent plus l’objet, mais ils s’en accaparent pour l’utiliser, l’aliéner ou le dématérialiser.

Cette attitude tend à rompre la séparation entre l’art et la vie, et soustraire l’œuvre à son destin de chose parmi les choses. Ceci crée une ambiguïté fondamentale dans l’art contemporain, par surcroît renforcée par la confusion qui règne dans les rapports entre le public et l’oeuvre. Le vocabulaire plastique s’élargi, les techniques se modifient profondément, et la fonction et la signification de l’oeuvre d’art deviennent problématiques.

Confrontés avec la pluralité de démarches artistiques, nous allons nous contenter d’esquisser l’histoire thématique de cette ambiguïté d’une manière explicite pour qu’elle soit en rapport réel avec la compréhension de l’art d’aujourd’hui.

 

La mémoire collective dans Paris et dans la création littéraire (S3)

Martin Mégevand
Mardi 16h-18h
Six séances à Reid Hall et séances avec visites sur site – laissez une demi-heure avant et après pour se rendre sur les lieux des visites.

Paris regorge de lieux de mémoire : lieux où s’inscrit officiellement la mémoire nationale sous forme d’inscriptions votives, ou lieux portant plus discrètement la trace du passage de l’Histoire. De même, la littérature française est un lieu où se construisent une mémoire et un patrimoine : Paris y joue un rôle-clé.

Du Panthéon au Père Lachaise, de Saint Etienne du Mont à l’église Saint Paul Saint Louis, du Mémorial de la Shoah à la Place des Vosges, du cloître des Billettes aux Passages parisiens, on proposera quatre itinéraires de circulation dans Paris à la recherche de traces d’inscription d’événements historiques passés, ou inversement au constat de leur effacement.

On tentera ensuite de procéder à une classification des différents types de lieux visités sous le rapport de la mémoire (officiels, privés, relevant de la mémoire collective ou de la mémoire dite « communicationnelle », lieux d’oubli etc.). A l’appui de ce travail de classification, des textes littéraires et des textes théoriques seront proposés aux étudiants.

De cette confrontation, il s’agit de tirer des enseignements sur la fonction de la littérature et, plus généralement, de l’art, lieu de mémoire reconstruit esthétiquement, et lieu de résistance à l’oubli.

Pour la validation de ce cours, deux types d’exercices sont demandés aux étudiants : quatre comptes rendus de visite et, à la fin du semestre, un dossier qui prendra la forme d’une réflexion sur la notion de mémoire à partir d’œuvres littéraires ou cinématographiques portant sur Paris.

L’intérêt théorique d’un séminaire de Littérature prenant pour objet les lieux de mémoire dans Paris et dans la littérature est d’entrer dans des œuvres littéraires selon une approche inspirée par les études culturelles, privilégiant le rapport de la culture et de ce qui l’environne : les conditions sociales et historiques qui la produisent.

L’objet de ce séminaire est la mémoire collective, courant de recherche transdisciplinaire dont l’historique sera esquissé en cours (de Maurice Hallbwachs (1925) à Marianne Hirsch et Michael Roth (2012) : voir bibliographie en page suivante). Il ne nécessite pas de connaissances préalables en littérature. Une attention toute particulière sera portée à la qualité formelle des travaux écrits (construction, argumentation).

 

Economie du sexe : XIXe-XXIe siècles (S4)

Christelle Taraud
Mardi 13h30-15h30

Ce cours est une introduction générale à l’histoire, à la sociologie et à l’anthropologie de l’économie du sexe du début du XIXe siècle à aujourd’hui. Dans ce cadre il s’agira de mettre en exergue plusieurs aspects centraux de la problématique : 1) La question historiographique d’abord en proposant d’éclairer le système réglementariste français et ses nombreux avatars en Europe, aux Etats-Unis et dans le monde colonial ; 2) Les rapports entre classe, « race » et genre dans le cadre du marché du sexe au travers notamment des questions de traite des êtres humains et de tourisme sexuel ; 3) La question socio-économique – et ses relais politiques – de l’économie du sexe en portant une attention particulière au statut des individus (prostitué-e-s versus travailleurs du sexe) et à leurs mobilisations (rassemblements, création de collectifs et de syndicats, production politique ou/et littéraire), mais aussi aux débats nombreux et houleux que ces demandes de reconnaissance et ces manifestations sous-tendent.

 

Comment peut-on être français ? Identités et polémiques dans la France d’aujourd’hui (S5)

Louis-Georges Tin
Jeudi 10h30-12h30

Dans Les Lettres persanes de Montesquieu, Rica évoque la curiosité, et même l’extravagance des Parisiens qui le rencontrent. Chaque fois, ils s’extasient : « Ah! ah ! Monsieur est Persan ? c’est une chose bien extraordinaire ! Comment peut-on être Persan ? » Aujourd’hui, c’est la même question qui, semble-t-il, est posée à de nombreux Français, perçus comme plus ou moins étrangers ou différents, différents en tout cas de la norme dominante, a fortiori s’ils songent à assumer une identité pleine et entière, et à revendiquer des droits lorsqu’ils sont discriminés.

Qu’il s’agisse des Noirs ou des homosexuels, des femmes ou des Juifs, l’émergence de ces groupes en tant que tels ne cesse de créer en France des débats, voire des polémiques. Sortant de l’invisibilité, pour ne pas dire de l’invisibilisation, ils obligent l’identité française à se redéfinir régulièrement.

Le but de la pensée critique étant de percevoir les évidences derrière les paradoxes, et les paradoxes derrière les évidences, ce séminaire sur la France contemporaine aura pour but d’affûter notre regard « persan » pour interroger cette fois-ci non pas seulement l’autre, ou l’étranger, mais également ce qui, étant le point de vue de toute vision, était demeuré jusqu’alors le point aveugle de toute vision dans ce pays -l’identité française.